arriver dans les alpages

Partir de Sumela vers les villages de montagnes.

Suivre la piste , carrossable pour les habitués turcs. Difficilement carossable sinon.

A pied c'est donc une piste vide que nous suivons, hormis les travaux de terrassement qui visent à l'asphalter prochainement. Une percée pour monter aux alpages où un complexe de ski est prévu pour ouvrir en 2014. Pas de téléphérique en vue, mais les infrastructures s'organisent tranquillement. Les troupeaux des alpages plus hauts ont encore un peu de répis.

Forêt dense et sombre percée de torrents agités et frais.

Arrivés dans un hameau après une belle montée forestière, rencontre fortuite et joyeuse

avec un berger, puis une paysanne aux yeux bleus et riants. Elle s'inquiète que nous

marchions (l'activité de la marche est impensable en Turquie, pour la classe moyenne car

inconnue, et surtout pour ces villageois qui se tuent à la tache pour faire fructifier quelques

arpents de terre...). Elle s'inquiète surtout que nous poursuivions la montée. Elle me

montre du doigt avec véhémence en proclamant à Lucas: "si vous dormez la haut, les

loups vont la manger tout cru"! Elle ne veut pas que je sois la patûre de ces prédateurs

visiblement très présents dans ces montagnes. Le berger nous avait déjà mis en garde.

Moi c'était plutôt des chiens que je me méfiais... mais là...

Lucas m'avoue que les loups, il connait et n'a pas peur car ils n'attaquent pas les hommes.

Mais par contre il craint très nettement les ours. Sic...

Nous nous apprêtons à poursuivre l'ascension et braver ces bêtes. Un pick-up 4/4 arrive comme un miracle: nous prend pour une montée caillouteuse interminable. La piste difficile serait impossible avec une voiture non préparée à ces trous et ces crevasses... j'ai le vertige, comme d'habitude, mais heureusement le nuage nous plonge dans une ambiance de coton et de fraicheur agréble.

Puis, la piste sort de la forêt dense, sort de la caillasse rosée, et sort du nuage - la mer de nuage en contre-bas - , et elle arrive dans les alpages: la pelouse fleurie jaillit. Est-ce un paradis?

Immenses alpages . Ses pentes font la joie de troupeaux de 500 moutons, ou de 200 vaches très disiciplinées qui rentrent par petit groupe chaque soir avant l'iftar (rupture du jeûne du ramadan fixé vers 19h45 ici) , et repart à la verdure chaque matin vers 7h. Joie aussi pour planter la tente: un gazon digne de celui de Ronan, à perte de vue...

L'aigle plane et rentre avec le soir qui tombe.

Les loups vont-ils me dévorer?